COURRIER DES THÉATRES
La Société «les Escholiers», composée de jeunes gens qui s'intéressent aux choses du théâtre, nous a donné un drame de M. Ibsen: la Dame de la Mer.
Dans les quelques lignes que je puis consacrer à cette «première» sans lendemain, il ne m'est pas possible d'aborder la discussion de l'œuvre ni celle du système d'art dont elle est un échantillon. La Dame de la Mer nous dit l'aventure d'une femme qui, mariée, se sent entraînée irrésistiblement vers un homme qu'elle a aimé avant son mariage et qui, laissée libre par son mari de retourner à lui, perd tout désir d'user de la liberté accordée. Réduit à ces termes, le drame est quasiment banal: il tient tout entier dans quelques vers de Molière. Mais il paraît qu'il est, en outre, symbolique, indiquant cette pensée que l'état social doit être accepté librement pour n'être pas une source de douleurs. Oserai-je dire que tout ceci reste trop obscur et que, décidément, il nous est bien difficile d'entrer dans «l'état d'âme» du Nord? M. Lugné-Poé, mesdemoiselles Camée, Aubry, Meuris et leurs camarades interprètent bien cette œuvre difficile à jouer par ses simplicités et ses maladresses, tout au moins au regard de nos habitudes d'esprit.
– H.F.